Histoire de la rue Gresset - Paris 19e
Au cœur du 19e arrondissement, dépendante du quartier administratif Villette, la rue Gresset commence au 174 de la rue de Crimée pour se terminer, 82 m plus loin, rue de Joinville. Avant qu’elle ne soit rebaptisée dans l’entre-deux-guerres, elle était connue sous le nom de rue Gosselin, du patronyme de l’un des propriétaires des lieux qui avaient tracé une voie privée sur leur terrain, ce qu’on appelait alors un passage ou une cité. Pour une raison inconnue, la rue changea d’appellation en septembre 1828 pour rendre hommage au poète et dramaturge français du XVIIIe siècle.
Désir de fille est un feu qui dévore,
Désir de nonne est cent fois pis encore.
Jean-Baptiste Gresset naquit en 1709 à Amiens et fit ses humanités chez les Jésuites, ordre qu’il rejoignit dès ses dix-sept ans. Il poursuivit ses études à Paris avant de devenir professeur à son tour. Poète gaillard et insolent, il se fit remarquer pour ses descriptions allègres de la vie monacale et pour ses poèmes critiques. Ce qui lui valut de n’être pas ordonné prêtre et d’être rejeté par la communauté jésuite. Il mena alors une vie mondaine qui allait le conduire à l’Académie française puis, en 1750, il fonda l’Académie des sciences, des lettres et des arts d’Amiens, sa ville natale. Son mariage avec la fille du maire de la capitale picarde le ramena à la religion et lui fit renier ses œuvres passées.
Les loups de La Villette.
La rue Gresset traverse le quartier administratif Villette, du nom de la commune qu’on surnommait aux temps jadis Saint-Ladre-lès Paris car ses terrains appartenaient à la léproserie Saint-Lazare (patron des lépreux au Moyen Âge), plus connue sous la dénomination de enclos Saint-Lazare. Réunion de deux hameaux médiévaux laissés en déshérence, La Villette resta longtemps un endroit en friche et malfamé, réputé pour ses bandes de voyous qui s’affrontaient régulièrement avec leurs rivaux de La Chapelle et de Montmartre, expliquant dès lors l’adage : Sans les chiens de la Chapelle, il y a beau temps que les loups de la Villette auraient mangé les ânes de Montmartre. Mais la réhabilitation des lieux dans la première moitié du XXe siècle allait en faire un quartier populaire et familial.